Dakar – Le Sénégal est confronté à une recrudescence préoccupante de la rougeole depuis le début de l’année 2024, avec 449 cas confirmés répartis dans 33 des 79 districts sanitaires. Cette situation, qui touche 41 % du territoire national, souligne les graves conséquences induites par la pandémie de COVID-19, laquelle a perturbé les services de santé de base et entraîné une baisse significative de la couverture vaccinale dans plusieurs régions.

Pour enrayer cette progression alarmante de la maladie, le pays se mobilise à travers une campagne nationale de rattrapage vaccinal contre la rougeole et la rubéole, du 2 au 11 décembre 2024. Grâce à huit millions de doses de vaccins disponibles, l’objectif est ambitieux : protéger près de 7,5 millions d’enfants, et ainsi prévenir une crise sanitaire majeure.

La rougeole, l’une des maladies les plus contagieuses au monde, reste une menace redoutable, particulièrement pour les enfants non vaccinés. Elle peut entraîner des complications graves, telles que des pneumonies, des encéphalites ou, dans les cas les plus dramatiques, des décès. « Avec une couverture vaccinale inférieure à 95 %, le risque d’une flambée épidémique majeure devient inévitable. C’est un scénario que le Sénégal veut adresser à travers la campagne de rattrapage », explique le Dr Abdoulaye Mangane, le spécialiste en immunisation de la Direction de la prévention du Ministère de la santé et de l’action sociale.

Cette campagne, qui représente un effort massif et coordonné, incarne l’engagement du Sénégal à garantir la santé de ses enfants et à protéger l’avenir du pays. C’est une course contre la montre, mais aussi un signal fort adressé à tous : la lutte contre la rougeole est une priorité absolue, et chaque vaccin administré rapproche le pays d’un avenir sans épidémie.

La pandémie de COVID-19 a perturbé la vaccination de routine, entraînant une baisse inquiétante de la couverture vaccinale. Ce contexte a laissé des millions d'enfants vulnérables, rendant cette campagne essentielle pour rétablir la confiance des populations et atteindre les objectifs fixés par le Programme Élargi de Vaccination (PEV). Au-delà de l'urgence immédiate, cette campagne de rattrapage contribue au renforcement global du système de santé sénégalais. Elle comble les écarts laissés par la pandémie tout en sensibilisant les communautés sur l’importance de la vaccination de routine. En ciblant les enfants non encore vaccinés et en rétablissant les mécanismes de surveillance épidémiologique, le Sénégal renforce son immunité collective tout en évitant de futures crises sanitaires coûteuses.

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) joue un rôle stratégique dans cette initiative, en partenariat avec le ministère de la Santé et de l'action sociale, l'UNICEF et GAVI, l’alliance du vaccin. Grâce à son soutien financier et technique, l’OMS contribue à la formation des acteurs, à la supervision des activités de terrain, à l’évaluation de la campagne et à l’amélioration des stratégies de sensibilisation. Le Dr Jean Marie Vianny Yameogo, représentant résident de l'OMS au Sénégal, souligne que : « Cette campagne de rattrapage est une réponse urgente et essentielle pour protéger les enfants contre une maladie évitable, mais potentiellement mortelle ». Il a réaffirmé l’engagement de l’OMS à appuyer le Sénégal dans ses efforts pour atteindre chaque enfant, y compris les plus vulnérables, avec des vaccins de qualité.

La mobilisation communautaire joue un rôle central dans le succès de cette opération, particulièrement face aux défis tels que les réticences vaccinales et les difficultés d’accès dans les zones éloignées. Des campagnes médiatiques et d’engagement communautaire intensives, soutenues par des messages clés pour réfuter les rumeurs et fausses informations, ont été mises en œuvre. Parallèlement, les agents de santé communautaires et les leaders religieux ont été impliqués pour toucher les populations les plus réticentes. « Une adhésion massive est nécessaire pour garantir le succès de cette initiative, ce qui passe par une information claire, transparente et adaptée aux réalités de chaque communauté », souligne le Dr Mangane.

« Je suis heureuse d’avoir fait vacciner mon enfant pour le protéger contre la rougeole. Je veux qu'il grandisse en bonne santé et loin des maladies », explique Mbeytou Dia, mère d’un enfant vacciné le jour du lancement de la campagne au district sanitaire de Yeumbeul.

Le choix du district de Yeumbeul, dans la banlieue de Dakar, pour le lancement officiel de la campagne reflète une priorité stratégique : cibler les zones à haute densité de population, souvent plus exposées aux épidémies. Ce choix illustre également une volonté d’équité, visant à ne laisser aucune communauté de côté. Cette campagne s’inscrit enfin dans une dynamique régionale, en alignement avec l’objectif d’élimination de la rougeole en Afrique d’ici à 2030.

Le Ministre de la Santé et de l’action sociale, Dr Ibrahima Sy, présent lors du lancement de la campagne, a réaffirmé l'engagement du gouvernement. « Le gouvernement sénégalais est pleinement mobilisé pour garantir la santé et le bien-être de nos enfants. Cette campagne de vaccination est une priorité nationale, car elle constitue un pilier fondamental de notre système de santé. Nous ferons tout ce qui est nécessaire pour atteindre chaque enfant, partout dans le pays. »

L’organisation de cette campagne de rattrapage témoigne de l’importance de la coopération entre partenaires pour faire face aux défis sanitaires mondiaux. L’OMS reste engagée aux côtés du Sénégal pour atteindre une couverture vaccinale optimale et consolider les acquis en matière de santé publique. En travaillant main dans la main avec les autorités nationales et les communautés locales, l’OMS réaffirme son rôle de partenaire clé dans la lutte pour un monde exempt de maladies évitables par la vaccination.